Les seniors et l’emploi : un désamour qui se confirme
Encore trop souvent délaissés par les recruteurs, les seniors peinent à valoriser leur apport dans le monde du travail. « Il s’agit de la seule population au sein de laquelle le taux de chômage n’a pas réellement baissé ces dernières années. Alors que toutes les autres catégories sont tendanciellement revenues vers l’emploi, ce n’est pas le cas des seniors » explique David Neuvy, responsable régional Nouvelle Aquitaine chez Talent Solutions TINGARI.
Dans un contexte où le pouvoir politique s’est fixé comme objectif un retour au plein emploi pour 2027 (qui aurait comme co-bénéfice une réduction du déficit public grâce à davantage de cotisations sociales), il s’agit d’une cible incontournable à réintégrer sur le marché du travail. De nombreux dispositifs ont pour cela déjà été mis en œuvre par le passé, du cumul emploi-retraite au contrat de génération… sans toujours avoir d’effet notable.
Alors, comment inciter enfin les employeurs à miser sur les seniors, dans un contexte pourtant favorable de pénurie de talents ? Comment changer leur regard sur cette catégorie, qui représente avant tout des talents, avec de l’expérience et des compétences à valoriser ? Comment faire en sorte que les seniors eux-mêmes retrouvent confiance et se familiarisent avec le marché du travail actuel ?
Deux dispositifs qui ont prouvé leur efficacité
Pour cela, Talent Solutions TINGARI propose diverses solutions, dont deux dispositifs ciblés. Le premier, la prestation « Deux semaines pour rebondir », se veut un tremplin vers l’emploi des seniors, bâti localement avec Pôle Emploi et déployé sur un temps court.
« Nous organisons ces deux semaines sous forme d’ateliers. D’abord, une première semaine à temps plein pour se pencher sur les outils, les techniques, le savoir-faire et le savoir-être nécessaires pour retrouver un emploi. Ensuite, nous laissons deux semaines aux bénéficiaires afin qu’ils commencent à mettre en œuvre ce que nous leur avons transmis. Puis nous les retrouvons pour une deuxième semaine afin d’analyser avec eux leur démarche et d’en faire un premier bilan », détaille David Neuvy à propos du dispositif qu’il supervise à Royan.
Linda N’ait Idir est quant à elle responsable de la POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collectif) « Dynamiser sa seconde partie de carrière », mise en place en Île-de-France à la demande d’OPCO spécifiques. « Nous accompagnons ici les bénéficiaires sur un peu plus de 2 mois. Nous commençons par un premier module dédié à la construction du projet et de la stratégie, assorti d’un stage d’immersion. Puis, nous les aidons à déployer cette stratégie, afin de décrocher un emploi durable, avec là aussi un stage dédié cette fois à la consolidation de la démarche » précise-t-elle.
Confiance en soi, valorisation des compétences & flexibilité
Parmi les freins sur lesquels travaillent les équipes Talent Solutions TINGARI, il y a d’abord celui de la confiance en soi. « Je me souviens de cette personne qui, à 63 ans, ne voulait plus entendre parler du secteur d’activité où elle avait effectué toute sa carrière, car elle ne se croyait plus capable d’y exercer. Finalement, un stage en tant que marbrier funéraire lui a fait réaliser qu’elle souhaitait en réalité finir sa carrière dans son secteur d’origine, la logistique. Elle avait repris confiance en elle, notamment grâce à l’accompagnement des encadrantes, et en était particulièrement émue » se félicite Linda N’ait Idir.
Un aspect complémentaire de ce travail avec les bénéficiaires concerne la valorisation de leurs compétences. « On essaye d’identifier avec eux leur savoir-faire et leurs expertises. Si quelqu’un a été comptable pendant 30 ans, il a forcément des atouts et des réussites professionnelles à valoriser. On se place alors dans une logique de marketing individuel pour les aider à apparaître auprès des recruteurs comme les ressources qu’ils sont, plutôt que comme des personnes qu’il va falloir former à quelques années de la retraite » expose David Neuvy.
Il insiste pour autant sur la nécessaire humilité des seniors quant à leur nouveau milieu professionnel : « ils doivent se placer dans une démarche apprenante, rester ouverts et positifs, y compris quant à un management souvent plus jeune qu’eux ». Linda N’ait Idir abonde : « les seniors manquent parfois de flexibilité. Certains nous disent ‘je veux tel salaire et uniquement à côté de chez moi’… or c’est compliqué de raisonner ainsi. »
Tout le travail des dispositifs Talent Solutions TINGARI consiste alors à les aider à retrouver de l’agilité, notamment sur cette question de la mobilité professionnelle. « On s’adresse à une génération pour qui les carrières étaient souvent rectilignes et qui n’a pas vraiment connu ce type de fonctionnement agile. C’est notre métier de les aider à évoluer. À travers ce que j’observe au quotidien, je suis optimiste quant à l’amélioration de la situation de l’emploi des seniors » conclut-elle.