Un chiffre qui peut paraître décevant…
Fin novembre, le taux de chômage était de 8,1 %, en hausse de 0,1 point par rapport au trimestre précédent. S’il est proche des niveaux d’avant la crise sanitaire, ce taux est supérieur aux attentes. Début octobre, l'Insee avait en effet anticipé un taux à 7,6 % de la population active pour le troisième trimestre 2021.
Ce taux de 8,1 % représente + 52 000 demandeurs d’emploi par rapport au trimestre précédent dans un contexte de croissance soutenue de la France. Il pourrait en effet descendre jusqu’à 6 % en 2022, toujours selon l’Insee.
Si l’économie française n’aura pas entièrement compensé la chute de l’activité liée à l’apparition de la Covid-19 ( - 8% en 2020), elle devient résiliente face aux nouvelles « vagues ». Les mesures de soutien du gouvernement et les taux d’intérêt bas ont notamment permis la relance de l’investissement des entreprises.
Mais qui est en fait une bonne nouvelle
Derrière ce chiffre du chômage en demi-teinte, le marché du travail retrouve des couleurs. Pour mieux décrypter son dynamisme, le taux de chômage doit être mis en regard avec le taux d’emploi. Petite explication : si le premier est calculé par rapport à la population active, le taux d'emploi repose, quant à lui, sur la population en âge de travailler – en recherche ou non. Ce dernier est donc un indicateur particulièrement pertinent.
« Le taux de chômage ne baisse pas car, avec la reprise économique, certaines personnes qui ne cherchaient plus du travail se sont remises à chercher un emploi », a décrypté la ministre du Travail Elisabeth Borne, citant l'exemple des étudiants qui avaient prolongé leurs études pendant la crise. Elle ajoute : « La bonne nouvelle, c'est que le nombre de Français qui ont un travail n'a jamais été aussi élevé depuis 1975 ».
En effet, à 67,5 % le taux d'emploi des 15-64 ans atteint un niveau inégalé depuis plus de 45 ans ! En pratique, toutes les tranches d'âge ont bénéficié de ce regain de l’emploi, particulièrement les jeunes. La qualité des postes n'est pas en reste, si l'on en juge par la hausse des temps complets et la baisse des temps partiels.
Pourtant, des défis restent à relever
S’il suit une dynamique positive, le marché de l’emploi français pourra vraiment se consolider en répondant à deux grands enjeux.
Le premier est de réduire le chômage de longue durée. Près de 3 millions d’actifs sont sans emploi depuis plus d’un an. Si ce chiffre tend à se stabiliser, il reste important. Le gouvernement a d’ailleurs lancé en septembre dernier un plan d’investissement dans les compétences qui mise sur la formation avec un objectif affiché par le Premier ministre de « former 1,4 million de demandeurs d'emploi en 2022 ».
Le second enjeu est de pallier les difficultés de recrutement dans certains secteurs ou zones géographiques. Ce plan gouvernemental vise d’ailleurs à répondre à la situation paradoxale d’entreprises « qui ne parviennent pas à recruter » et « des chômeurs qui ne parviennent pas à retrouver un emploi ». Environ 300 000 emplois restent à pourvoir en France, particulièrement dans des secteurs tels que le BTP, la santé, les transports et logistique ou encore le commerce.
La Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) met en avant 2 grandes explications.
- un désalignement entre l'offre et la demande de qualifications et compétences. En effet, le vivier de main-d'œuvre est réduit pour plusieurs métiers qualifiés (cadres, techniciens, ingénieurs de l'informatique…) ;
- un manque d'attractivité de métiers moins qualifiés (bâtiment, hôtellerie-restauration) pour lesquels le vivier de main-d'œuvre est plus important, mais les conditions de travail et d'emploi pourraient être améliorées.
Si la reprise de l’économie française s’accompagne de création d’emplois, plusieurs secteurs connaissent des tensions de recrutement. Dans ce contexte, l’enjeu est plus que jamais de développer la formation et la montée en compétences pour que la France se prépare aux métiers d’aujourd’hui et de demain.